lundi 31 décembre 2018

L'oiseau bleu des oueds perdus


L’oiseau bleu des oueds perdus
Un oiseau bleu, assurément celui des oueds perdus, est venu frapper de ses jolies ailes turquoise, ma fenêtre givrée.
Je lui ai ouvert et il s’est métamorphosé en prince aux yeux de lumière, aux mains veinées d’argent et à la taille bien prise dans une écharpe tissée de fils d’or.
Il m’a offert une rose, celle des oueds perdus m’a-t-il précisé et il s’est endormi sur la bergère du salon, fatigué par son long voyage, hérissé de mille et un obstacles, filets tendus par les chasseurs, avions supersoniques et collectionneurs de plumes azurées.
Lorsqu’il est revenu à lui, un bon feu flambait dans la cheminée et j’ai pu lui servir mes préparations préférées, du thé à la bergamote, des pastillas à la rose ainsi que des blinis recouverts de caviar d’ Aquitaine, succulent et revigorant.
Après cette dînette, mon prince m’a raconté les épisodes de la vie qu’il menait dans son oued du bout du monde.
Tout y était resté comme jadis, au temps de ses pères.
Le matin, il partait à la recherche de fleurs étoilées et de roses délicates dont ses dames d’atour parfumaient ses plats.
Un agneau enduit de beurre et de miel rôtissait à la broche, du pain de ménage était enfourné en compagnie de galettes à la fleur d’oranger puis, lorsque tout était prêt, après les ablutions traditionnelles, on dégustait des mets savoureux.
Déçue de ne pouvoir offrir un tel festin à mon hôte, je me suis mise au piano, interprétant des Nocturnes de Chopin puis nous nous sommes endormis, cœur contre cœur, en rêvant d’ailleurs bleus.
Au réveil, j’étais seule, allongée sur le sofa et, à mes côtés, il ne restait qu’une plume bleue, seul souvenir de mon rêve évanoui …

lundi 24 décembre 2018

La ronde des princes


La ronde des princes
Ils sont venus de partout, les princes, en calèche ou en carrosse, à cheval ou tout simplement à pied, en empruntant les chemins de Compostelle.
Ils sont venus, fidèles à leur serment, pour assister à la dernière parution publique de leur reine.
Lorsqu’elle est apparue, sur le perron de son palais, les traits émaciés et la démarche hésitante, les vivats ont fusé et la reine a souri devant tant de ferveur.
Puis elle a pris la parole et au fur et à mesure qu’elle dévoilait un conte métaphorique, son port se redressait, son visage retrouvait la vivacité et le charme de sa jeunesse.
L’émotion fut à son comble lorsque son amant de toujours la rejoignit pour la serrer avec précaution contre son cœur.
C’est alors qu’un feu d’artifice donna le signal de la fête, ponctuée par un banquet où chacun trouva son bonheur, pastilla à la rose, tajine de pigeons aux amandes, puits d’amour et boissons délicieuses dont le bouquet floral était parfait.
La reine s’éclipsa et rejoignit le cœur de son palais où son lit  à baldaquins, orné de roses et de dentelles, attendait que son corps meurtri épouse la soie douce de draps  brodés puis elle s’endormit, peut-être pour toujours, un sourire sur les lèvres.

samedi 22 décembre 2018

L’homme au masque d’or



Il était une fois un prince qui portait un masque d’or et en dépit de l’élégance de sa mise et de son port altier, il effrayait les jeunes filles qu’il croisait lorsqu’il conduisait son attelage afin des parcourir des lieues, rêvant de rencontrer celle qui charmerait son cœur et pour qui il enlèverait son masque car, vous l’avez deviné, il était divinement beau et ce masque le préservait des intempéries et des envieux.
Or, un jour, une divine créature surgit sur son chemin. Sa beauté était soulignée par un masque élégamment ciselé qui dévoilait un regard azuréen.
Le prince arrêta son attelage, descendit pour inviter la belle à honorer  de sa présence le réceptacle tapissé de soie de son carrosse, prit place à ses côtés tandis que le cocher fouettait les chevaux qui conduisirent le couple au palais.
Le prince emmena la belle dans le boudoir, ôta son masque, geste qu’imita son hôtesse.
Des jeunes filles leur apportèrent une aiguière et un linge fin de batiste pour qu’ils rafraichissent leur épiderme d’une eau parfumée à l’eau de rose.
Ensuite ce fut un ballet de serviteurs qui offrirent mille plaisirs, sucrés ou salés, présentés sur un guéridon de marbre.
Après un fastueux en-cas, suivi de nouvelles ablutions, le couple se lança dans une conversation émaillée  de métaphores poétiques.
Le prince ordonna que l’on prépare une suite pour la belle de son cœur et il lui offrit le cadeau qu’il réservait à celle qui l’aurait charmé.
Il était constitué de trois présents, un voile léger brodé pour lui signifier qu’elle ne serait qu’à lui, une poupée pour lui promettre de la choyer et de lui prodiguer des caresses voluptueuses et un bracelet d’argent ciselé pour authentifier leur union.
C’est ainsi que commença l’idylle du prince Flamboyant et de sa belle, Eglantine des bois.

mercredi 19 décembre 2018

Au prince charmant qui s'ignore

Au prince charmant qui s'ignore
Il était une fois un prince qui n'avait de charmant que le nom car il était virtuel et pourtant il se montrait si doux, si attentionné envers son amie de coeur qu'elle pensait à lui nuit et jour, laissant errer ses pensées vagabondes à travers les landes de Brocéliande et les chemins de hâlage des rivières du Nord, sa terre natale, jamais oubliée.
Ses champs de blé, ses bleuets, ses coquelicots, ses pâquerettes et boutons d'or étaient ancrés en son âme. Ces fleurs modestes formaient une ronde qui l'entraînaient dans le désir fou de redevenir une enfant qui jouait à courir pour attraper les papillons, fleurs vivantes, métaphores de la beauté céleste.
Au prince de mes amours !

vendredi 14 décembre 2018

Viens, mon aimée

Viens mon aimée
Les frimas nous invitent à l'amour : écoutons l'appel des oies sauvages et réfugions nous dans les pays azurés où se blotissent les amants éperdus ...

lundi 10 décembre 2018

Le coeur du village


Le cœur du village
Annie, mon amie d'enfance a préféré peindre l'église de Burlats plutôt que de tracer les contours sévères de notre église médiévale à Flines-Lez-Râches où nous avons vécu les dix premières années de notre vie.
L'église était loin de "notre rue" et lorsque nous prenions le chemin de la messe de Minuit, dans le froid, nous souffrions, surtout Maman dont le cœur commençait à faiblir ! Nous devions faire une pause pour qu'elle reprenne son souffle. J'avais beau avoir des vêtements chauds, le froid nous saisissait mais en arrivant à l'église, nous ne pensions plus à ces tracas.
Le chant Minuit, Chrétiens s'élevait dans la nef, interprété par un ténor du village qui a longtemps été ma référence côté chant : c'était si beau que j'en oubliais le froid et le vent qui avaient précédé notre arrivée.
Maman semblait distraite : elle observait toutes les toilettes et murmurait des propos étranges en pinçant les lèvres.
Je n'ai jamais apporté la moindre attention aux tenues vestimentaires, peut-être justement parce que j'en étais la première victime : je recevais souvent des coups d'épingles lors des essayages et je trouvais ces séances désagréables et interminables ! Maman aurait voulu que je sois d'une rare élégance mais le résultat ne la satisfaisait jamais assez ; pourtant lorsque j'arrivais à l'église le Dimanche, tout le monde se retournait pour découvrir mes tenues qui n'étaient jamais anodines. Je la suppliais de me coudre des vêtements simples et pratiques mais elle faisait la sourde oreille tout en me réprimandant d'être aussi loin de son univers.
Je regrette aujourd'hui de ne pas avoir gardé certains vêtements qui étaient des sortes de chef d'oeuvre ! Annie les aimait , elle aurait voulu être moi tandis que j'aurais tout donné pour lui ressembler !
Mon excentricité se portait ailleurs. J'avais ressenti un appel divin en voyant des petites filles jeter des pétales de roses sur les pavés lors des processions du mois de Mai . Pour me satisfaire, Maman a sacrifié ses beaux lys et est allée faire amende honorable au couvent en plaidant ma cause : en fait mon souhait fut à demi agréé. Je ferais bien partie de la prochaine procession mais au lieu de jeter poétiquement des pétales de roses, sous prétexte que j'étais grande et forte, on me fit porter une pancarte à la gloire de la Vierge Marie ! lorsque j'ai raconté ce fait à Annie, elle a beaucoup ri ! Elle faisait partie des semeuses de roses mais contrairement à moi, elle trouvait cela ridicule et n'y prenait aucun plaisir !
Annie suivait les cours à l'école libre tandis que j'étais élève de l'école laïque . Il existait un fossé infranchissable entre ces deux mondes c'est pourquoi nous devions nous cacher pour être amies !
Lorsque j'observais les fidèles à l'église je m'étonnais de les voir entonner des chants d'amour avec tant de conviction alors que leur cœur était souvent plein de haine et de jalousie vis à vis d'autrui !
Ces multiples observations m'ont conduite à me détacher de cette église que j'aimais tant et de me consoler en lisant la Bible, un livre qui m'avait été offert par une relation de mes parents mais cela c'est une autre histoire !

vendredi 7 décembre 2018

A mon ange blond


A mon ange blond
Mon ange, ma beauté aux cheveux de soie, à la peau satinée, je veux m’enivrer de ton parfum, rose et jasmin mêlés avec un soupçon d’ambre.
Je veux me mirer dans tes yeux à la profondeur marine avant de les faire chavirer sous l’ardeur de mes caresses.
Je veux aussi embrasser tes lèvres douces et laisser mes mains parcourir ton corps en son intégralité, en espérant que tu unisses ton désir au mien, si ardent qu’il me semble que j’évolue dans une bulle aux couleurs du feu.
Les flammes m’embrasent et il me faudra de longues heures avant que cette passion impromptue ne se calme et que je m’endorme à tes côtés, toi, mon ange, mon amour, ma beauté, ma femme !