dimanche 27 avril 2014

Douce nuit





La  reine de la nuit se drape de voiles bleus et cueille des étoiles pour en faire  des colliers.
Elle court d’un pied léger sur le sable des rives à la recherche d’un page qui porterait son manteau brodé de fleurs de lys.
Trouvant une jeune fille auprès d’une fontaine, la reine de la nuit lui offre une couronne de fleurs qui poussent sur les rochers près d’un glacier.
Les fleurs ont un velours nacré qui vaut bien la plus belle des parures et la jeune fille s’en retourne chez elle, enchantée, avec sa jarre d’eau fraîche. Plus tard, elle trouvera une poignée de pièces d’or au fond de l’ustensile d’argile façonné par un potier qui figure au nombre de ses soupirants, un artiste dont les créations relèvent du génie.
La reine de la nuit poursuit sa route, gratifie un enfant d’une étoile d’argent puis s’en va par les chemins forestiers, respirant les parfums de la terre.
Enfin, lourde de toutes ces senteurs, elle revient dans son univers à l’aube.
Pas de page ni de prince, qu’importe ! La reine est heureuse d’avoir pu offrir un peu de bonheur et de s’enrichir des produits de la terre qui sont aussi délicieux que l’univers céleste, son royaume !  

samedi 26 avril 2014

La rose du prince





L’incarnat de ta joue me plonge dans le rêve où planent les nuages porteurs de messages. Je n’ose esquisser une caresse et c’est du bout de ma plume que je trace des mots d’amour qui s’envolent comme des papillons.
Tous ces mots merveilleux ne franchissent pas le seuil de mes lèvres mais ils te parviennent, mon aimée car il y a longtemps que tu lis en moi comme dans le miroir aux fées où folâtrent les libellules.
Je t’envoie un bouquet inédit de roses gelées pour une demande en mariage et j’attends ta réponse, confiant et heureux.

samedi 19 avril 2014

Oiseau, mon bel ami






Oiseau, mon bel ami, porte ce message à celle que j’aime, ce ruban couleur de feu, elle en comprendra le symbole. Tu la trouveras certainement près de la rivière où tu aimes te mirer.
Oiseau, mon bel ami, nul autre que toi ne peut comprendre les émois de mon âme, effarouchée comme une oiselle un soir de lune rousse. Oiseau de mon cœur, tu es si beau qu’il m’en coûte de me séparer de toi : que deviendrai-je si, d’aventure, un lacet maléfique te serre le cou jusqu’à ce que tu meures ?
Des hommes aujourd’hui se livrent à la chasse pour se régaler de la chair tendre de leurs proies flambées et passées à la broche.
Pourquoi cette cruauté ? Il est tant de nourritures variées, les champignons de la forêt, les pousses tendres, les légumes du potager, les œufs de poules ou de cailles ! Pourquoi s’en prendre à la gent ailée qui forme un trait d’union entre le ciel et la terre ?
Oiseau, mon bel ami, reste auprès de moi. Je porterai moi-même le ruban de mariage que je lui destine. Je prendrai ma canne et j’y attacherai les rubans de chaque maisonnée qui participera à la noce.
Quant à toi, mon ami, mon oiseau divin, je te recommande à Dieu pour qu’il veille sur toi !

lundi 14 avril 2014

Le château oublié





Quand le silence est lourd et que meurent les roses, des soleils oubliés jaillissent de ma plume afin de faire renaître les mondes disparus.
Les sources, les étangs où glissent les cygnes parmi les lotus, me donnent la clef des chevaliers ardents qui partaient guerroyer au loin pour que la justice éclate et se fige au nom des divinités celtiques vivaces en ce bel aujourd’hui.
Et voici que surgit le château oublié de la belle endormie avec sa cohorte de servantes, de valets et de l’entourage noble d’une maison où se croisent cuisiniers de charme, maîtres d’armes, philosophes et gens de lettres.
Des tournois de vaillance et de jeux d’esprits s’organisent autour de la princesse qui régente une armée de couturiers, de brodeurs et d’artisans aux doigts d’or.
Un peintre s’ingénie à reproduire l’entourage charmant de la princesse qui se tient modestement sur le côté en jouant de l’éventail.
Des danseurs de flamenco interprètent des figures au rythme des guitares.
Dans une atmosphère féerique le château se fige sur les hauteurs d’une colline et j’apprends qu’une suite m’y est attribuée en ma qualité de conteuse.
C’est avec plaisir que je reçois cette aimable invitation mais souhaite pourtant vivre parmi les jonquilles, les jacinthes et les roses de mon jardin et je cède mon tour à des amis conteurs qui fourmillent autour de moi.
J’offre mon stylo or à celui qui voudra se rendre dans le château oublié où ne l’oubliez pas, se tient la plus belle des princesses !