vendredi 31 mai 2013

Le voyage imaginaire





Je suis un rêve et je marche enveloppée de pétales de roses qui ont été cousus un à un pour créer une robe de fée.
Je marche à l’aveugle, trébuchant sur les trottoirs tant je fixe les nuages, mon royaume éternel et mouvant.
Brusquement, je suis emportée par un tourbillon et me voilà précipitée dans un univers qui ne m’est pas familier : du sable à perte de vue, des murailles hautes érigées en terre ocre, des princes du désert vêtus de bleu.
Je cherche en vain l’eau salvatrice. Ici elle est plus rare que l’or, plus précieuse aussi mais mon oreille aguerrie discerne le chuchotement d’une fontaine.
C’est la fontaine de sable dont un ami a construit l’édifice poétique. Il venait de la terre occitane et chantait comme les troubadours l’amour de la Jérusalem céleste.
Serait-il possible qu’il se soit réincarné ?
Un nuage bleu enrobé dans un glaïeul ardent vient à ma rencontre.
Nous joignons le velours de notre armature florale et nous nous aimons, enfin libres, au royaume de nos rêves !

mercredi 29 mai 2013

Le chevalier bleu





Son armure turquoise étincelle au soleil levant. Une rose couleur feu orne son écu qu’il brandit sous les hurrahs de ses compagnons.
Chevalier de la rose, il va à la reconquête d’un royaume perdu.
Assise dans son jardin d’amour, sous une tonnelle de glycine, sa belle lit ou brode. Elle rêve de son retour.
Qu’il lui revienne vivant, incarnant le dieu d’Amour dont elle est la servante, répandant sur son autel des brassées de roses en gage de sa fidélité.
Elle écrit des lettres frémissantes qu’elle confie aux oiseaux et un jour, il lui revient, son chevalier d’amour. Son armure a pâli sous le soleil ardent de l’Orient et il porte quelques blessures.
Oriane la belle lui sourit, attend avec ferveur sa demande en mariage mais le fier chevalier, conscient de ne plus être le bel amour de sa jeunesse, lui baise la main et lui annonce son retrait, en un monastère.
Il regrette d’avoir été contraint de tuer son prochain et estime ne pas avoir droit à un bonheur familial.
Mystique, il s’en va et la mort dans l’âme, la belle Oriane se résigne à voir s’éloigner un rêve vêtu de bleu.

vendredi 24 mai 2013

Le chant des glycines





Un oiseau s’est niché au cœur de la glycine noueuse et fleurie de grappes couleur parme.  Lorsque les oisillons prendront leur envol, ils chanteront la beauté de leur berceau et rejoindront leurs frères dans un nuage d’azur. Les oiseaux bleus, chers à nos souvenirs d’enfance, sont les notes enchantées d’une partition universelle qui lance un cri d’amour aux enfants de la terre.
Pour occuper l’espace libre de la cascade fleurie, une petite fée à la robe turquoise s’est blottie dans un minuscule palais de verre qui jette un appel à toutes les forces féeriques pour que règne la paix au parfum d’enfance, une petite éternité de rêve !

mardi 21 mai 2013

Le voyageur





Venu de loin, chaussé de sandales taillées dans l’argent du bouleau, il est arrivé chez nous, celui que l’on n’attendait plus.
 Vêtu de nuages et de toile de lin, ses yeux bleus étincelant d’amour, ses mains percées des clous déchirant les chairs, il a souri et le soleil a roulé sous les feux d’ardentes chansons aux mots inédits.
Ses paroles ont flotté dans l’irréelle candeur des rondes enfantines puis elles ont disparu, une à une, en laissant un soupçon de rêve et d’amour.

jeudi 16 mai 2013

Le Prince des Lumières





Il est apparu à l’aube, sur un fandango de Scarlatti, des mésanges sur les épaules.
Son habit de fleurs lui donnait une prestance digne de la Renaissance et de ses grands poètes. Roses, lilas et jasmin formaient son pourpoint tandis que sa culotte couleur d’or disparaissait dans un amoncellement de coquelicots. Ses bas de soie mouraient dans le cuir souple d’escarpins propices à la danse.
Et c’est ainsi que la princesse Framboise le découvrit dans une envolée lyrique de chants d’oiseaux. Ils s’unirent spontanément et dansèrent au son de tambourins qu’activaient des tsiganes venus de la lointaine Hongrie.
D’amour, de fleurs et de fruits mêlés, les amants s’unirent dans un éclat de soleil et disparurent dans le firmament pour y donner naissance à de nouvelles étoiles.